_ catalogue 20 ans d'atelier, 23 témoignages, Éditions École Estienne Paris 2010 _ une invitation de Françoise Pétrovitch
à propos de l'exposition Illusion au Centre d'Art Contemporain de Lacoux _ une invitation de Hélène Lallier



Faire de la poésie, c’est établir un lien entre des choses. Pour cela, Cécile Monteiro-Braz utilise le moyen le plus simple : le fil. Parfois un vrai fil, celui qu’elle coud sur ses dessins ou ses photos ou au moyen duquel elle les assemble entre eux; ou bien le fil de la ligne qui dessine ses spirales, ses fleurs, ses volutes voluptueuses et ses cartographies. Aidée de ce fil qu’elle déroule comme une mélodie intérieure ininterrompue, elle arpente un très vaste monde dont elle relie les pôles.
La cosmologie qu’elle expose, à mesure qu’elle la construit et l’explore à grands pas, s’étend du très grand au très petit, des étoiles aux molécules.
Si elle emprunte parfois les apparences du monde réel, il s’agit en vérité de la modélisation de son propre monde intérieur. Ce qui frappe dans les motifs qui l’occupent, c’est que tous parlent de fluidité, de mouvement, d’impermanence : eau, lumière, cheminement sur des cartes. Il y est question d’expansion aussi, toujours : végétaux, spirales, feux d’artifice qu’elle photographie et retravaille en cousant sur le papier un fil aussi fragile et mystérieux que le filet recouvrant l’omphalos des Grecs, ce lieu, dit-on, où était né le cosmos.
Obsession, aussi, du non encombrant, souci de légèreté - aux couleurs matérielles elle préfère les non-couleurs, les reflets, les lumières, les moirures (les Parques, fileuses du destin, s’appelaient aussi les Moires).
Une seule technique ne suffirait pas à contenir ces flux - aussi Cécile Monteiro-Braz utilise-t-elle le dessin, la photographie, le volume, l’installation, l’intuition seule la guidant dans ses choix successifs. Pas de programme ici, pas de théorie, peu de mots (sinon ceux qu’elle invente pour nommer son monde intime), mais la volonté de traduire au plus juste sa si singulière sensibilité.
Plan-espace, ligne-point, microcosme-macrocosme : le mythe, c’est la résolution des contraires, écrit Rosalind Krauss.
Cécile Monteiro-Braz crée des mythes.
Et son nom contient une anagramme prédestinée : ce ciel.
Paul Cox
funéraire (mais pas que)
cécile monteiro-braz
Les pièces que façonne Cécile Monteiro-Braz explorent le comment vivre dans une dimension autant personnelle que sociale. Ses sculptures, ornements, éditions et autres dessins écrivent un journal qui donne à voir, par le principe de l’ajout, la patiente élaboration d’un corpus de gestes.
Aussi, n’a-t-elle aucun médium de prédilection.

Depuis les grands filets noués et pièces de perlage jusqu’aux plus récents objets, C.M.-B. entretient avec le monde matériel et spirituel une douceur mélancolique. C’est au moyen de matériaux allant de l’usager au précieux, alliant l’épaisseur des noirs et les teintes diaphanes ou acidulées, que les choses qui l’habitent prennent forme et se chargent d’une aura, comme pour mieux nous atteindre.

S’attacher à la vivance des choses, coûte que coûte. C’est bien de cela dont il s’agit depuis longtemps déjà.
Aussi, c’est à l’ombre porteuse du geste accompli que Cécile Monteiro-Braz sonde notre rapport à la mort en nous offrant des œuvres qui fonctionnent comme un rappel du caractère vain de l’existence.
































note à propos de Nous sommes des passants, nous ajoutons des gestes au jour.

_ Léon et Cécile (souvenir de) ArtBnB, collectif Ethnographic . Éditions de L'Éclosoir Thonon-les-Bains 2015


En tant qu’ornementiste Cécile Monteiro-Braz appréhende un sensible en fuite de la friture du monde.
Échelle domestique. Silence. Lente immobilité du temps où demeure malgré tout le vivant. Et pourquoi pas ?
Faire un pas vers une poétique réclame le retrait. Il finira bien par se produire quelque chose : l’ornement ne ment pas.
note à propos de l'ouvert


_ catalogue Tresses 13, Éditions Lyrique XXI . Nonpareilles Paris 2013


Cécile Monteiro-Braz se perd dans les songes sans jamais s’égarer. Je sais de quoi je parle, je l’ai rencontrée à plusieurs reprises, non loin d’ici, dans la banlieue du temps présent. Je parcourais alors le vaste monde, attentif à ce qu’il me donnait à voir. Elle, au contraire, l’explorait de-ci de-là, en quête d’un univers qui ne sautait pas aux yeux. Quand elle ne m’invitait pas à me pencher sur d’infimes particules dissimulées à terre, c’est dans l’étendue macrocosmique qu’elle me poussait à me projeter. Des fragments de notre entourage, elle en empruntait, me dit-elle, des éléments pour mieux concevoir des ensembles de sculptures et de travaux sur papier, orchestrant ainsi une autre ordonnance de la réalité et la transformant en de nouveaux mondes plus intérieurs. Oscillant entre le tangible et l’imaginaire, les frontières de ses propres contrées n’étaient pas pour autant figées. Les territoires sont mouvants, c’est vrai, et toute réalité ne tient qu’à un fil ténu, toujours prêt à rompre. C’est peut-être d’ailleurs pour cela, mais je n’en suis pas trop sûr, qu’elle ne
cesse m'a-t-on dit, d’entrelacer, de surpiquer, de peloter ou de nouer minutieusement en de grands filets des kilomètres de fils. Une façon d’envelopper, de contenir, voire de filtrer notre alentour vers une singulière poésie. Lorsque je la reverrai incidemment au détour d’un voyage, ici, sur terre ou ailleurs, je lui demanderai de me le confirmer.
Benjamin Belder in Chroniques terriennes
et pour l'exposition Blanche est la couleur Passage de Retz Paris 2012 commissariat Yves Sabourin


_ catalogue Sacré Blanc !, Éditions Musée Jean Lurçat Angers 2012


_ catalogue Blanche est la couleur, Passage de Retz Paris 2012
Entre galaxies et constellations, des "psycosmolyses", des "cartograpoints" travaillent la ligne et la forme avec le nœud. Cécile Monteiro-Braz emprunte le ciel pour explorer le sensible. Matériau : le fil. Méthode : la machine à coudre sur tous supports, feutrine, papier, photographie. Réalisations : oreillers, entrelacs, pelotes, spirales, volutes, fleurs ou laitues surpiquées sur photos de feux d'artifices. Au coup d'œil : rien que des travaux d'aiguilles. L'œuvre réclame l'attention. Le silence et l'arrêt sont les clés d'un mode opératoire à deux pas de la lecture. Le fil agit alors. Il crypte une écriture où le nœud fabrique l'alphabet du lien. La poésie se met à galoper sur papier, expérimente et explore un paysage intime, issus des variations de tensions, piqué d'éclats de lumière. Si Cécile Monteiro-Braz était chanteuse, elle pratiquerait le chant diphonique. Elle est plasticienne et au trait, préfère le fil cousu ; à la couleur, le pigment lumineux.
Lithographe de métier, elle alimente sa sensibilité en nouant des collaborations avec des artistes comme Alechinsky, Jean Charles Blais, Paul Cox. Depuis deux ans, elle expose des cieux intérieurs où se mirer.

Carine Bel _ Le fil de Cécile Monteiro-Braz et Aimantés au fil du ciel Annecy 2007


L'édition actuelle, Nouvelles de l'estampe n°185-6 Gilles Kraemer Paris 2003 à propos de Botanica présenté à la Fiac / Galerie de l'Atelier Bordas
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